Thérapie

Médicaments pour traiter les maladies de la thyroïde

Les maladies thyroïdiennes entraînent généralement une hyperactivité (hyperthyroïdie) ou une hypoactivité (hypothyroïdie) de la glande thyroïde. Par conséquent, il faut inhiber la surproduction de thyroxine (T4) et de triiodothyronine (T3) ou remplacer la T4 et la T3 produites en quantité insuffisante.

En cas d’hyperthyroïdie mal contrôlée ou en présence d’une tumeur maligne, la glande thyroïde doit être enlevée chirurgicalement en totalité. Par conséquent, de nombreux patients présentant initialement une surproduction d’hormones thyroïdiennes seront tôt ou tard contraints de remplacer celles-ci par voie orale.

Tiroide Terapia 600x375

Médicaments pour traiter l‘hypothyroïdie

Une hypothyroïdie peut se développer de différentes façons. Très souvent, le déclencheur est une carence en iode. D’autres pathologies caractérisées par une hyperthyroïdie peuvent éventuellement conduire à une sous-activité permanente de la glande thyroïde après traitement de l’hyperactivité. Si la production d’hormones thyroïdiennes est insuffisante ou totalement absente, elles doivent être remplacées par un apport externe.

Les médicaments disponibles sous forme de comprimés, de capsules molles ou de gouttes contiennent de la lévothyroxine. La composition chimique de la lévothyroxine correspond exactement à l’hormone thyroxine (T4) produite dans l’organisme.

En plus de la lévothyroxine, des préparations contenant de la triiodothyronine (T3) et un mélange des deux hormones T4 et T3 dans une proportion de 5 pour 1 sont également disponibles. L’utilisation de ce mélange à doses fixes est adaptée pour traiter les troubles hypothyroïdiens légers mais, en raison de sa dose fixe de 100 microgrammes de T4, peut ne pas convenir à tous les patients, car il faut souvent plus ou moins de lévothyroxine pour corriger la situation.

Puisque la thyroxine (T4) est convertie en triiodothyronine (T3) dans les cellules du corps, la question se pose de savoir pourquoi cette hormone devrait être ajoutée, puisque pratiquement toutes les cellules de notre organisme sont capables de former de la T3 à partir de la T4 grâce à l’action de la désiodase.

L’activité de l’enzyme désiodase dans les cellules est influencée par la présence de sélénium. Son apport par l’alimentation est généralement suffisant, mais si une carence est suspectée, elle peut être compensée par un supplément alimentaire ciblant le sélénium.

Ipotiroidismo

Lévothyroxine

La lévothyroxine: un ingrédient actif puissant
Un défi crucial dans la production de préparations à base de lévothyroxine est lié au dosage de l’ingrédient actif, qui doit être administré au patient à des doses extrêmement faibles, dans la plage thérapeutique allant de un millième de milligramme (microgramme). Un microgramme équivaut donc à un millionième de gramme. L’administration quotidienne de quantités minimes, difficilement imaginables pour nos ordres de grandeur, est destinée aux patients présentant une hypofonction de la thyroïde.

De plus, la lévothyroxine est sensible à la chaleur et à l’humidité et il faut en tenir compte pour le stockage. La durée de conservation de l’ingrédient actif est donc assez courte en comparaison de celle d’autres médicaments.

Absorption intestinale de la lévothyroxine
L’absorption intestinale de la lévothyroxine en fait également un ingrédient actif spécial. La lévothyroxine doit absolument être prise à jeun pour que la quantité absorbée soit suffisante. Il est donc obligatoire de prendre de la lévothyroxine au moins une demi-heure avant le petit-déjeuner avec un peu d’eau. Ceci garantit que seules la substance active et l’eau se trouvent dans le tube digestif et que presque 100 % de la substance active atteint le sang depuis les intestins.

Influence des aliments sur l’absorption de la lévothyroxine
Si la lévothyroxine entre en contact avec des aliments dans le tube digestif, l’absorption intestinale de la substance active est fortement altérée. Cela entraîne une baisse des concentrations de lévothyroxine dans le sang et l’apparition de symptômes d’hypothyroïdie. La lévothyroxine peut aussi se lier spécifiquement à divers aliments, de sorte que son absorption intestinale est directement inhibée. Les oranges, le jus de pamplemousse et les céréales pour le petit déjeuner se lient de manière particulièrement forte au principe actif et empêchent son absorption.

Intestino

Les médicaments et les maladies interfèrent avec l’absorption de la lévothyroxine
De nombreux médicaments et substances sont également connus pour inhiber l’absorption de la lévothyroxine dans l’intestin. Les préparations contenant du fer, du calcium ou du magnésium, comme par exemple les multivitamines en comprimés, lient la lévothyroxine et empêchent son absorption depuis l’intestin. Les médicaments contenant de l’aluminium et utilisés pour traiter l’excès d’acide gastrique ne doivent pas être pris en même temps que la lévothyroxine pour la même raison.

Les maladies gastro-intestinales qui affectent le pH (acidité) de l’estomac ou les substances susceptibles de perturber la digestion, comme le lactose, peuvent également affecter l’absorption intestinale de la lévothyroxine. Chez les patients sensibles, le lactose peut provoquer des troubles tels que flatulence, crampes intestinales ou diarrhée et ainsi entraver l’absorption de la lévothyroxine. En cas d’intolérance au lactose connue, il est donc généralement conseillé d’utiliser des médicaments sans lactose.

D’autres maladies peuvent également influencer l’efficacité de la lévothyroxine. Il faut être particulièrement prudent chez les patients souffrant de maladies cardiaques, d’hypertension artérielle, de problèmes surrénaliens ou de cancer de la thyroïde traités avec la lévothyroxine. L’effet des médicaments utilisés pour traiter ces maladies peut être diminué ou augmenté lorsqu’ils sont utilisés chez des patients qui reçoivent la lévothyroxine.

Chez les diabétiques qui reçoivent de l’insuline ou des antidiabétiques oraux, il faut s’assurer que l’effet hypoglycémiant n’est pas diminué après la prise de lévothyroxine. De nombreux autres médicaments oraux peuvent voir leur effet augmenter ou diminuer en cas de prise concomitante de lévothyroxine ; c’est par exemple le cas de certains antidépresseurs (lithium, antidépresseurs tricycliques), antiépileptiques (phénytoïne), anticoagulants, catécholamines (adrénaline), contraceptifs oraux, agents diminuant les lipides sanguins (colestyramine, colestipol, clofibrate), diurétiques (furosémide), salicylates et agents cardiaques (amiodarone, propranolol).

En raison des nombreux facteurs qui influencent l’absorption intestinale de la lévothyroxine et des nombreuses interactions avec d’autres médicaments, il est étonnant que les patients signalent si peu souvent des troubles en relation avec le traitement de lévothyroxine, tout au long de leur vie. Mais cela arrive parfois ; selon des études américaines, le traitement pourrait être trop ou pas assez dosé chez environ 15 à 20 % des patients.

Comme cela n’a pas été étudié chez nous, on ne sait pas si cela s’applique à la Suisse. Cependant, on peut supposer que le problème est à peu près du même ordre de grandeur. Les patients peuvent donc probablement constater la survenue occasionnelle de symptômes indiquant une hyperactivité ou une hypoactivité de la glande thyroïde, qu’ils doivent observer avec attention et si nécessaire consulter leur médecin de famille.

Minerali

Médicaments pour traiter l’hyperthyroïdie

En cas de surproduction d’hormones thyroïdiennes, comme en cas de maladie de Basedow ou d’adénomes toxiques (maladie de Plummer), sont d’abord administrés les médicaments qui inhibent la synthèse thyroïdienne de T4 et T3 ou détruisent les cellules thyroïdiennes. Le premier groupe de médicaments comprend les dérivés de l’imidazoline et les thiourées qui bloquent la formation intracellulaire (inhibition de la thyroperoxydase) de T4 et de T3. Le deuxième groupe comprend les préparations contenant de l’iode radioactif, qui entraîne la mort des cellules thyroïdiennes qui l’absorbent.

Carbimazole (thiamazole, méthimazole), propylthiouracile
Ces médicaments sont généralement administrés par voie orale sous forme de comprimés et atteignent la glande thyroïde via la circulation sanguine, où ils bloquent la thyroperoxydase et le stockage de l’iode, ce qui inhibe la formation de la T4 et de la T3.

Le carbimazole est un médicament précurseur du thiamazole, qui est la substance active et est également connue sous le nom de méthimazole. Le carbimazole et le propylthiouracile sont souvent utilisés comme premier traitement de l’hyperthyroïdie, avant ou après un traitement à l’iode radioactif, ou lorsque ce dernier est contre-indiqué, comme lors d’une grossesse.

Le carbimazole ou le propylthiouracile doivent être pris quotidiennement pendant une longue période. À intervalles réguliers, le médecin doit mesurer les concentrations de thyroxine (T4) et de triiodothyronine (T3) dans le sang pour contrôler le succès du traitement. Le carbimazole est habituellement utilisé temporairement pour réduire l’activité de la glande thyroïde, avant un traitement à l’iode radioactif ou une ablation chirurgicale de la glande thyroïde.

Ipertiroidismo

Traitement à l’iode radioactif

Un autre médicament utilisé pour inhiber une glande thyroïde hyperactive est l’iode radioactif (iode 131). Celui-ci n’est pas toxique pour le reste de l’organisme et peut être pris par voie orale ou injecté directement dans le sang. Comme les cellules de la glande thyroïde hyperactive absorbent une grande quantité d’iode, l’iode radioactif est aussi incorporé dans les cellules thyroïdiennes. Le rayonnement ionisant (radioactivité) endommage le génome des cellules thyroïdiennes, qui meurent.

Le rayonnement de l’iode radioactif est très limité et ne nuit pas aux autres cellules environnantes. Ce rayonnement ne pénètre en effet que de quelques dixièmes de millimètre dans les tissus et persiste environ deux semaines. En général, le traitement à l’iode radioactif est bien toléré.

Lors du traitement d’une glande thyroïde très active, la destruction cellulaire par le traitement à l’iode radioactif peut temporairement provoquer la libération de grandes quantités de thyroxine (T4) et de triiodothyronine (T3) dans le sang. Ceci renforce temporairement l’hyperthyroïdie et peut induire une inflammation du tissu thyroïdien et des conjonctives.

Pour contrôler l’inflammation pendant l’hyperthyroïdie, on administre de la cortisone ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale.

Pour prévenir cette libération excessive de T4 et de T3 pendant le traitement à l’iode radioactif, on administre souvent du carbimazole ou du propylthiouracile pendant les semaines précédant le traitement à l’iode radioactif afin de réduire l’activité thyroïdienne et diminuer les réserves de T4 et de T3. Cela empêche la libération brutale de T4 et de T3 dans le sang lors de la destruction des cellules par la radiothérapie à l’iode.

Pour rendre ce traitement le plus efficace possible, l’apport en iode par le biais d’aliments ou de médicaments (amiodarone, désinfectants contenant de l’iode) doit être aussi faible que possible avant l’administration de l’iode radioactif. Les aliments riches en iode tels que les poissons de mer, les fruits de mer ou le sel de table iodé doivent donc être évités avant le traitement à l’iode radioactif. Cela augmente les besoins en iode (même radioactif) et stimule son absorption par les cellules thyroïdiennes.

Le traitement à l’iode radioactif n’est souvent qu’un traitement de transition avant l’ablation chirurgicale de la glande thyroïde ; cela permet en effet de ralentir l’activité et de diminuer la taille de la glande thyroïde, ce qui facilite l’opération. En particulier dans le cas de tumeurs malignes ou si l’on s’attend à ce qu’après un traitement à l’iode radioactif, une hyperthyroïdie survienne à nouveau, la chirurgie d’emblée est préférable. Avec les valeurs sanguines de T4, T3 et de TSH, l’iode radioactif est également utilisé à des fins diagnostiques pour évaluer l’activité de synthèse de la thyroïde.

Radioiodio

Accidents nucléaires avec radioactivité

Lors d’accidents nucléaires, comme Tchernobyl en 1985 ou, plus récemment, Fukushima en 2011, de grandes quantités de matières radioactives sont relâchées par les installations nucléaires, qui se propagent sous forme de poussière et de particules dans l’air. Le danger des radiations est bien connu et peut provoquer des décès prématurés dus au cancer.

Parmi les nombreux éléments radioactifs qui peuvent s’échapper des réacteurs des installations nucléaires, il y a aussi l’iode radioactif, qui est absorbé dans le corps, s’accumule dans la glande thyroïde et détruit les cellules thyroïdiennes par son rayonnement. La conséquence est une hypothyroïdie.

Pour éviter que cela ne se produise, par mesure de précaution, on distribue des comprimés d’iodure de potassium à la population vivant à proximité des centrales nucléaires. Ces comprimés doivent être pris seulement en cas d’urgence sur indication des autorités responsables (alarme nucléaire).

Comprimés d’iodure en cas d’urgence radioactive
Les comprimés d’iodure de potassium sont considérés comme un médicament. Chaque comprimé contient 50 mg d’iode sous forme d’iodure de potassium. L’iode à un dosage aussi élevé entre en concurrence avec l’iode radioactif et est donc absorbé préférentiellement par les cellules thyroïdiennes. La surabondance d’iode non radioactif chasse l’iode radioactif des sites de liaison qu’il occupe dans les cellules, ce qui évite des dommages à la glande thyroïde.

À la différence des comprimés d’iodure de potassium fournis par la Confédération, de nombreux suppléments vitaminiques ou compléments alimentaires contiennent aussi de l’iode, mais en quantité bien plus faible. Comparées aux comprimés d’iodure de potassium à utiliser en cas d’alarme atomique, les quantités d’iode de ces suppléments nutritionnels sont 100 à 200 fois plus faibles et servent à couvrir l’apport quotidien en iode.

Terapia 600x400